Zoothérapie et médiation animale

Vous avez peut-être entendu parler de la zoothérapie. Mais de quoi s’agit-il ? Dans quel domaine s’avère-t-elle utile ? Quels sont les objectifs à réaliser ?  Et comment se distingue la « thérapie » assistée par l’animal par rapport aux « activités » assistées par un animal ? La littérature suivante vous donnera un aperçu et aidera à mieux comprendre le caractère fascinant de la zoothérapie et des activités assistées par un animal. La Trace asbl se distingue de ces pratiques définie parfois de manière un peu figée et préfère toujours parler de médiation animale.

Qu’est-ce que la zoothérapie?

Le terme « zoothérapie » provient de la racine grecque  « zoo »  qui signifie « animal » et « thérapia » qui signifie « soin »

La zoothérapie désigne une médiation qui se pratique professionnellement en individuel ou en petit groupe, à l’aide d’un animal familier, consciencieusement sélectionné et éduqué, sous la responsabilité d’un professionnel, appelé « l’Intervenant professionnel en médiation animale » dans l’environnement immédiat de personnes chez qui l’on cherche à éveiller des réactions visant à maintenir ou à améliorer leur potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif.

Quelle est la différence entre la zoothérapie et une activité assistée par l’animal?

La zoothérapie, ou encore « thérapie assistée par l’animal » (TAA), ne doit pas être confondue avec la notion d’ « activité assistée par l’animal » (AAA). Alors que la TAA vise un objectif purement thérapeutique, les AAA sont destinées à éduquer, motiver et assister des personnes, sans oublier le caractère bénéfique pour la santé. Pour faciliter la distinction entre les 2 activités, il suffit de savoir que pour la TAA, le « zoothérapeute » doit préalablement avoir une formation dans le domaine de la santé ou de la relation d’aide (soins infirmiers, psychologue, travail social, …), suivi d’une spécialisation qui lui permet d’intervenir par l’intermédiaire des animaux, alors que les intervenants en AAA n’ont que rarement suivi une formation en zoothérapie. En plus, il faut mentionner que les AAA augmentent la motivation et la participation des personnes aux loisirs récréatifs et éducatifs. L’animal va encourager la personne à être active par les promenades, les jeux et les soins qu’il nécessite : le but des AAA a donc un caractère momentané, alors que pour la TAA, un résultat à long terme est visé. Les AAA sont donc une méthode préventive utilisant l’animal dans le but d’améliorer la qualité de vie de la personne ciblée en augmentant sa motivation à participer à des activités récréatives. Dans ce cas, l’animal n’est pas considéré comme un intermédiaire mais devient le centre d’intérêt de l’activité.

Un peu d’histoire…

Aristote (-384 -322) a décrit dans son Histoire des animaux l’interaction de l’homme et de l’animal et il avait observé le comportement particulier des dauphins à l’égard de l’homme.

11e siècle : Gheel, Belgique: Des malades ont procédé à la garde d’oiseaux pendant la convalescence pour augmenter la confiance en eux-mêmes

1796 : Ouverture de l’Institut York Retreat, un asile pour déficients mentaux, en Angleterre par William Tuke. Des lapins et des volailles ont été confiés aux patients afin qu’ils s’en occupent et qu’ils prennent une certaine responsabilité.

1867 : Bielefeld, Allemagne : Des patients qui avaient soufferts de crises épileptiques ont été soignés en entrant en contact avec des chats, chiens et chevaux.

1919 : Première utilisation thérapeutique aux Etats-Unis dans des hôpitaux psychiatriques.

1953 : Boris Levinson, pédopsychiatre américain, prouve par hasard le rôle thérapeutique de l’animal. C’est un dimanche où les parents de Johnny, un jeune enfant autiste, consultent Levinson dans son cabinet. Ce jour-là, le chien de Levinson, Jingles, était également présent. Johnny, qui n’a pas parlé depuis longtemps et qui était enfermé dans son monde, commençait à caresser le chien et à lui parler. Le chien étant donc médiateur entre lui et son patient. Levinson a développé la théorie de la « Pet Oriented Child Psychotherapy » qui se base sur le jeu entre l’enfant et l’animal.

1977 : Les psychiatres Sam et Elisbeth Corson étaient les premiers à développer les travaux de Levinson. Ils ont mis en œuvre le premier programme de zoothérapie dans une unité psychiatrique à l’université d’état d’Ohio en 1977

Dans quelles situations peut-on faire appel à la médiation animale? Quelle méthologie suit-elle?

La médiation animale s’applique aux personnes dont les besoins ont été préalablement définis afin de déclencher des réactions cognitives, psychologiques, physiques et sociales. Sont concernées, par exemple, des personnes en situation de handicap physique et mental, des personnes avec des symptômes autistiques, des personnes âgées perdant leur autonomie, des personnes qui souffrent de démence, d’un état dépressif ou encore des détenus qui ont perdu toute estime en eux.  La thérapie s’exerce en individuel ou en petit groupe, à l’aide d’animaux sélectionnés et éduqués sous la responsabilité d’un professionnel. En général, les animaux, souvent des chiens, ont subi une éducation spécifique pendant plusieurs mois. Ils rencontrent des normes préétablies de santé, de comportement et d’éducation pendant les séances. Avec La Trace asbl, l’approche est différente car elle se centre prioritairement sur les interactions spontanées et naturelles entre l’humain et l’animal, s’appuyant aussi sur les interactions des animaux entre eux. Ceci permet une authenticité sans perdre l’intentionnalité qui consiste à détecter et renforcer l’émergence de compétences ou comportements nouveaux ou recherchés « en situation ». Les interventions en médiation animale sont de toute façon des thérapies auxiliaires à d’autres thérapies conventionnelles. L’animal facilite le contact entre le bénéficiaire et l’intervenant. Il remplit le rôle de médiateur et facilite ainsi les échanges. On lui attribue alors le titre de « catalyseur ». Si certains « thérapeutes » mettent en place un programme structuré afin d’atteindre des objectifs prédéfinis et de procéder à des évaluations du bénéficiaire et de l’animal pour superviser l’évolution de leurs rapports ainsi que les améliorations de la situation du bénéficiaire, il est aussi possible de se centrer en premier lieu sur les interactions naturelles émergentes pour définir des pistes de travail. La médiation peut être dispensée dans une variété d’environnements différents et le médiateur doit être flexible et s’adapter aux conditions de l’état de santé et de l’évolution de la thérapie.

Quel est le rôle de l’animal?

L’animal est à la fois médiateur, intermédiaire, compagnon, stimulateur et motivateur.

Et celui du professionnel?

Le professionnel est quant à lui observateur, mais aussi analyste, guide et expert dans le domaine socio-thérapeutique.

Quels objectifs sont souvent travaillés via la médiation animale?

La médiation animale est souvent utilisée afin d’atteindre ses objectifs :

  • Sur le plan moteur
  • Sur le plan sensoriel
  • Sur le plan de la communication et du langage
  • Sur le plan de la compréhension et de l’élaboration de pensée
  • Sur le plan de la réactivation de la mémoire
  • Sur le plan de l’ajustement de comportements
  • Sur le plan de la vie affective et relationnelle
  • Sur le plan de la responsabilisation
  • Sur la distance thérapeutique
  • Sur le plan social

En somme…

« L’animal ne juge jamais celui qui est différent de lui » (Mahatma Gandhi)

 « L’individualisme de nos sociétés actuelles, le matérialisme, le stress massif et permanent dû à un rythme de vie essentiellement basé sur la performance et la production a comme conséquences un isolement de plus en plus grand et une coupure avec la nature entraînant des effets néfastes sur le bien-être physique et psychologique de l’être humain. Aujourd’hui, un des liens essentiels qui relie encore l’homme à son milieu naturel se situe auprès des animaux. Ainsi, par l’intermédiaire de l’animal la zoothérapie réintroduit cette dimension «naturelle» dont nous avons tous besoin pour notre équilibre, notre bien-être. La zoothérapie ou thérapie assistée par l’animal regroupe toute activité impliquant l’utilisation d’un animal auprès d’une personne dans un but clinique ou récréatif. » (H. Rezagoui, Docteur-Vétérinaire)

« L’animal ne se nourrit pas d’attentes idéalisées envers les humains, il les accepte pour ce qu’ils sont et non pas pour ce qu’ils devraient être. » (Boris Levinson, pionnier de la zoothérapie)

 « Contrairement à l’homme, l’animal ne sait pas tricher. Il aime tout simplement. » (Tamara Rainbow)

« Etre aimé par un cheval ou par un autre animal doit nous remplir d’humilité et de reconnaissance, car nous ne le méritons pas. » (Laurent du Vivier, psychologue)

 « Le chien n’a qu’un but dans la vie: offrir son coeur. » (Joe Randolph Ackerley, auteur britannique)

par Gilles Schreiner

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